Les brèves de la CFTC-Douanes – Décembre 2025

08/12/2025

Pouièmes et zillions

Le mois dernier a été marqué par une actualité lourde en matière de e-commerce et de narcotrafic. Deux termes qui font dresser l’oreille, lorsqu’on est douanier.

Pour le e-commerce, le grand public a découvert avec une fausse stupeur que certaines grandes plateformes internet poussaient à la surconsommation via leur dumping de produits bon marché, et que lesdits produits pouvaient, jusqu’à 80% d’entre eux, être non conformes aux réglementations françaises et européennes en matière de normes de qualité, de sécurité et d’environnement. Sans blague.

Pour les narcotrafics, autre secret de Polichinelle : ils explosent sur les marchés occidentaux, la France étant en première ligne, pour cause d’inflation de la production en Amérique latine, de saturation du marché américain, de diversification des produits stupéfiants proposés et de nouvelles habitudes de consommation banalisée en Europe. D’une année sur l’autre, les saisies de drogue peuvent augmenter de près de 75%. C’est vertigineux, et en même temps cela semble tellement fatal qu’on en sourcille à peine. Le « piège du narcotrafic » se referme à tel point qu’on nous a pondu une loi qui risque d’avoir à peu près la même efficacité qu’un arrêté anti- moustiques.

Contre tous ces fléaux, érigés en priorités absolues, la Douane, de par ses missions et ses compétences historiques, semble le premier rempart tout désigné. Mais ce serait trop simple. Étonnamment, alors que les trafics et commerces illicites de tout poil prospèrent et se démultiplient, les effectifs de douaniers, depuis 1993, suivent une courbe inversement proportionnelle. La Douane a perdu près d’un quart de ses effectifs depuis ses meilleurs jours. C’est moderne. Et il n’est pas question de remettre aujourd’hui du grain dans le moulin, ah non. Ce serait aller contre le sacro-saint dogme de la maîtrise des dépenses publiques et de la réduction du nombre de fonctionnaires.

Tout de même, à un moment, il faudrait savoir ce qu’on veut, non ? Se battre oui, mais sans soldats. Pour gagner, ça risque d’aller moins vite. Les mesures prises sont d’une tout autre nature. Pour le e-commerce, mise en place de nouvelles taxes à l’importation, dont le montant fait débat et qui ne résoudront rien. Bon, quitte à se faire arnaquer, autant que cela rapporte à l’État un peu d’argent. Pour les narcotrafics : réformes logistiques, extension des périmètres de compétences, mise en place de nouveaux organismes, mutualisation des moyens entre administrations, annonces ronflantes et médiatiques… mais à moyens humains constants, et quant aux moyens matériels, l’État peine à injecter autre chose que du symbole. Des oursins dans les poches ! Nul doute que les trafiquants, eux, ne lésinent pas sur la dépense quand il s’agit de recruter du personnel ou d’optimiser leurs chaînes d’approvisionnement.

Alors pour finir, quels sont les enjeux ? Des zillions.

Qu’offre-t-on à la Douane pour qu’elle monte en puissance dans la lutte ? Des pouièmes. Question d’échelle.